L' enseignement des réalités coloniales dans le roman de jeunesse Rêves amers

Auteurs-es

DOI :

https://doi.org/10.29173/af29430

Mots-clés :

Haiti, République noire, Maryse Condé, aliénation coloniale, roman jeunesse, loas, imaginaire vaudou

Résumé

Le roman de jeunesse Rêves amers de Maryse Condé est paru pour la première fois dans le magazine Je bouquine en 1987 avant d’être repris par les éditions Bayard jeunesse en 2001. Portant sur l’expérience tragique de la migration, il s’attache à mettre en évidence la pérennité de l’esclavage social (Mbembe 2013). « Le roman francophone des Antilles apporte aussi un changement considérable dans la nature des êtres humains. Les hommes et les femmes qui en sont les héros n’appartiennent pas à une catégorie bien définie. Ils mettent à mal le concept de race. Ils sont le résultat d’influences diverses. Ils portent en eux des sangs multiples et sont souvent des métis, sensibles à la couleur de leur peau qui conditionne la qualité de leur existence » confiait récemment Maryse Condé dans un entretien mené par Roger Célestin (153). Cet ouvrage, qui était dans sa forme initiale paru peu de temps avant Traversée de la mangrove, traite d’Haïti et de la Caraïbe comme des espaces de révolte par rapport à la malédiction historique des rapports brutaux de la colonisation (Carruggi). Si le roman Rêves amers a eu une certaine réception dans le cadre de la littérature jeunesse et de la pédagogie, il reste relativement négligé des études littéraires universitaires. Pourtant, la référence à Haïti est centrale avec l’avènement de la première République noire indépendante du Nouveau Monde. Notre hypothèse est que Maryse Condé a proposé un ouvrage didactique destiné à former les jeunes générations pour qu’elles réinterrogent ce qui est enseigné dans une optique postcoloniale. Le contenu, les thèmes et le style de cet ouvrage lui ont servi de matrice pour la série de romans qui ont suivi. Notre étude portera sur l’analyse de la relation entre la mort et le rêve pour dégager un positionnement fondamental sur la manière de rendre compte de relations socio-historiques issues du colonialisme. Dans ce cadre, Haïti demeure la promesse d’une émancipation inachevée qui est enseignée aux jeunes générations. Ces œuvres semblent négligées par la critique peut-être parce que leur facture didactique est beaucoup plus nette.

Biographie de l'auteur-e

Christophe Premat

Christophe Premat est maître de conférences en études culturelles (HDR) au département de langues romanes de l’Université de Stockholm. Il a publié en 2020 ”entre aliénation et déception identitaire: étude de la Traversée de la Mangrove de Maryse Condé” dans la revue Karib, vol. 5, nr. 1 et ”Détour nordique vers l’Orient”, Les Anges de Millesgården d’Alexandre Najjar. Revue Nordique des Études Francophones, vol 3, nr. 1: 95-111 et en 2018 Pour une généalogie critique de la Francophonie (Stockholm : Stockholm University Press). Il est corédacteur en chef de la Revue nordique des études francophones depuis 2017.

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Publié-e

2022-01-05

Comment citer

Premat, C. (2022). L’ enseignement des réalités coloniales dans le roman de jeunesse Rêves amers. ALTERNATIVE FRANCOPHONE, 2(10), 36–50. https://doi.org/10.29173/af29430

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