L’allemand comme langue imaginaire chez Victor Hugo et Balzac
DOI :
https://doi.org/10.29173/af7122Résumé
Pour des écrivains comme Victor Hugo et Balzac, l’allemand n’est pas seulement « l’autre langue » par excellence. Au contact du français, l’allemand produit cette outre-langue que tout poète rêve d’approcher. Le premier texte étudié est extrait du Rhin. Dans la XXXVIIe lettre, un amusant dialogue en français s’établit entre le voyageur et le garçon de restaurant, à Schaffhouse. Dans ce dialogue, une langue allemande imaginaire tapie à l’arrière-plan du texte permet à Hugo de défigurer le français, confrontant le lecteur avec une langue maternelle soudain énigmatique et méconnaissable, mais créatrice. L’écrivain s’est aussi servi du principe de non-coïncidence entre oralité et écriture. Une transgression encore plus marquée se rencontre dans le travail de Balzac, quand il met en scène un personnage qui apparaît dans plusieurs des romans de La Comédie humaine : le banquier Nucingen. Ce personnage à l’identité indécise (est-il Alsacien, Allemand, Polonais, Juif ?) existe uniquement par sa parole. Or dans un roman, la parole ne peut qu’être écrite. La parole de Nucingen est écrite, mais elle est à peine lisible. C’est justement en écrivant que Balzac a pu inventer l’impossible langue de Nucingen. Et il est intéressant de noter qu’il l’a inventée à un stade tardif, sur les épreuves d’imprimerie.
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© Jeanne Bem 2010
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