La bande dessinée numérique : le triomphe du linéaire sur le tabulaire
DOI :
https://doi.org/10.29173/af29405Résumé
On sait que la lecture d’une BD papier implique un dialogue entre le tabulaire et le linéaire. Alors que la première de ces deux notions renvoie à la spatialisation des images dans le cadre de la page, la seconde désigne la succession syntagmatique des vignettes, c’est-à-dire l’enchaînement consécutif des actions représentées. Le lecteur d’une BD papier oscille ainsi entre une saisie globale/tabulaire de la page, et un déchiffrement linéaire, case à case, du récit. L’objectif de cet article est d’analyser ce qu’il advient du couple linéaire/tabulaire sur support numérique. Notre hypothèse est la suivante : le numérique tend à minorer la tabularité du médium au profit d’une appréhension linéaire du récit. À partir d’une analyse d’ordre sémiologique, centrée sur la distribution des vignettes à l’écran, nous verrons que ce processus de linéarisation permet de distinguer deux grands paradigmes formels : d’une part les scroll-comics, soit les BD à défilement vertical ou horizontal ; d’autre part les BD-diaporamas, lesquelles reposent sur un mode de lecture exclusivement fondé sur le clic. Cela fait, nous montrerons que ces deux paradigmes accueillent en leur sein une grande diversité d’œuvres dissemblables quant à la forme (planches à dérouler usuellement réunies sous l’appellation « BD numérisées », case à case, turbomédia, etc.). Nous décrirons alors comment chacune de ces formes (6 au total : 3 pour les scroll-comics ; 3 pour les BD-diaporamas) privilégie le linéaire au tabulaire et redéfinit, par conséquent, les postures lecturales/interprétatives d’ordinaire associées au neuvième art.
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© Philippe Paolucci 2020
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